Bravo les EPN!

Le dispositif des Espaces Publics fête ses 15 années d’existence. Services communaux (53), bibliothèques (51), associations (32), CPAS (19), PCS (14) ou services jeunesse (8): les 176 structures ont accueilli plus de 230.000 personnes en 2018. Des chiffres impressionnants, qu’il faut cependant relativiser. Dans son baromètre citoyen 2019, l’Agence du Numérique estime que 593.000 personnes sont en situation de « décrochage numérique ». D’autre part et toujours selon l’AdN, 409.000 personnes sont en difficulté numérique. Il apparaît donc urgent non seulement de renforcer le dispositif des EPN, mais également de démultiplier et d’articuler le nombre de tiers-lieux numériques.

Joyeux anniversaire

Bon anniversaire les EPN! Plus de 200 animateurs multimédias se sont rassemblés au Théâtre de Namur le 12 décembre dernier pour souffler les bougies de son quinzième anniversaire. 15 ans, ce n’est pas un âge, comme l’a fait remarquer Willy Borsus, le nouveau ministre en charge du numérique, où les souvenirs ont remplacé les projets.

Renforcer les EPN existant et multiplier leur nombre

Willy Borsus: « Au fil du temps, dans leur caractère public, dans leur caractère rassembleur, intergénérationnel, dans leur dimension d’inclusion sociale et sociétale, dans leur dimension de (pré)insertion socio-professionnelle, les EPN sont devenus des lieux incontournables. Ils ont dépassé leur mission initiale telle qu’on l’avait conçue et envisagé. Je pense qu’il faut partir de ces spécificités pour écrire ensemble l’avenir, pour informer, aider à lever les barrières, former. Pour résorber la fracture numérique. Si l’on veut accrocher le chariot de nos objectifs aux étoiles, il faut être ambitieux et déterminé. A cet égard, l’accord de majorité traduit cette ambition dans la Déclaration de Politique Régionale. Grâce à vous, nous disposons d’un réseau de 176 EPN sur 130 communes. Les statistiques sont élogieuses: plus de 230.000 visiteurs l’année passée et un réseau qui dépasse les 330 travailleurs, sans compter tous les bénévoles et les associations qui gravitent autour du dispositif. C’est manifestement un succès que nous célébrons et à mes yeux, le ministre responsable doit trouver les moyens de conforter vos efforts. Le travail que vous menez doit être conforté. Il nous faut continuer le déploiement en renforçant les lieux existants, en multipliant le nombre d’EPN et en créant des lieux complémentaires. »

La médiation numérique au centre de la réflexion.

Si tout le monde reconnaît le travail accompli, reste la réalité de la fracture numérique et les actions à prendre pour permettre à l’ensemble de la population d’accéder à une réelle autonomie.

Pierre Lelong est l’un des pères fondateurs du dispositif: »Ce million de wallons extrêmement éloignés ou absents du numérique pose un vrai problème. Il n’y a jamais eu autant de pages consacrées au numérique dans la dernière Déclaration de Politique Régionale. A tous les niveaux, au Cabinet du Ministre Willy Borsus, au sein de l’administration, à l’Agence du Numérique et au sein du Centre de Ressources des EPN de Wallonie, des réflexions sont en cours sur la façon de faire croître le dispositif et sur l’évolution de la notion de tiers-lieu numérique. Pour la première fois, la médiation numérique est au cœur de toutes celles-ci. Vous êtes, vous EPN, les médiateurs de l’accès à la culture du 21ème siècle. J’ai confiance en vous, j’ai confiance dans votre avenir. On vous a embarqué dans cette aventure il y a 15 ans. Depuis, jamais le rôle et l’importance des EPN de Wallonie n’ont été autant reconnus et valorisés. Il y a 5 ans, il y avait énormément de doutes sur l’avenir. Aujourd’hui, il n’y a plus de remise en question possible. Votre travail est reconnu et tous les projets en gestation visent à aller plus loin. »

Créer de nouveaux points d’accès au numérique

Plus loin et avec une plus grande amplitude. Les projets et les lignes directrices du volet citoyen du plan Digital Wallonia porté par le Centre de Ressources des EPN de Wallonie et l’Agence du Numérique visent à multiplier les points d’accès à l’accompagnement au numérique. Eric Blanchart, chargé de mission EPN de Wallonie : « 176 EPN, c’est beaucoup et peu à la fois. C’est une commune sur deux, avec des structures qui ne couvrent pas toujours l’ensemble de leur territoire. En règle générale, chaque EPN a ses spécificités en terme de publics. Un EPN en Maison des jeunes accueille des adolescents. On trouve des structures plus orientées seniors ou demandeurs d’emploi. Ce n’est pas parce qu’un EPN se trouve sur une commune que tout le public s’y retrouve. Il faut donc multiplier les points d’accès et de confiance à l’intention de ces personnes en décrochage numérique et démultiplier le nombre d’accompagnants numériques. Cela fait partie des mesures qu’on a déposées avec le SPW et l’AdN. »

Multiplier le nombre d’accompagnants numériques

Ces mesures visent à enclencher une dynamique lourde de mise à disposition d’outils et de ressources, de sensibilisation et de formation à l’accompagnement numérique des wallons à destination des acteurs sociaux, des associations et des familiers proches. En bref tout ceux qui sont en contact direct avec les personnes en situation de difficulté numérique, et qui n’auront peut être pas le réflexe d’ouvrir la porte d’un EPN. André Delacharlerie, Expert Senior à l’Agence du Numérique: « Il est indispensable d’avoir beaucoup plus d’aidants numériques. Pour emmener un maximum de wallons à un niveau d’autonomie numérique suffisant, il faut plus de lieux, plus de gens relais. Il faut plus encore s’appuyer sur d’autres structures, comme celles des aînés. C’est un travail que font déjà les EPN, mais il faut aujourd’hui organiser structurellement cela. Il faut aussi impliquer les acteurs sociaux, le secteur associatif et les bénévoles avec de nouveaux outils. »

Conférences empreintes numériques

Parmi ceux-ci, il y a la plate-forme 1,2,3 Digit de WeTechCare Belgium et les conférences Empreintes numériques prodiguées par l’association Digital Académie Expérience avec le soutien de l’AdN. Au départ, le public de la Digitale Experience Académie sont les seniors. Gérald Vanmollekot, co-fondateur de l’association avec Pascal Thirifays: « Nos actions visent à permettre aux personnes en décrochage numérique de gagner en autonomie avec une attention particulière pour les seniors. Nous les accompagnons avec des parcours de formation adaptés et bienveillants. Nous travaillons à leur faire prendre conscience de leurs traces numériques et leurs impacts au quotidien. Nous leurs donnons des astuces pour en limiter les conséquences. Nous les conseillons pour qu’ils puissent naviguer en toute sécurité.  » A la demande de l’AdN, ils ont proposé une déclinaison de leur conférence à destination des EPN. Gérald Vanmollekot : « Durant l’été, nous avons développé à leur attention une boîte à outil contenant un exposé, une bibliothèque et un guide pour l’animation de la conférence. 4 rencontres provinciales ont permis de toucher 47 EPN et 82 animateurs multimédias. Début 2020, nous organiserons une cinquième rencontre. »

Webinar et formations vidéos en ligne

En parallèle, le Centre de ressources continue à proposer des accompagnements et des formations à son réseau. Eloïse Labas, assistante de projet EPN: « Nous allons continuer à enrichir l’offre des Webinar. Ces formations à distance en direct interactives rencontrent beaucoup de succès. Les 7 sessions organisées cette année ont réuni 268 personnes. On planche sur le planning de l’année prochaine. C’est un format extrêmement bien adapté pour des structures disséminées un peu partout sur le territoire. Toujours en matière de formation en ligne, nous avons retenu Elephorm, un service de formations vidéos en ligne pour laquelle les EPN recevront un accès d’un an. » Le catalogue d’Elephorm reprend plus de 36.000 vidéos. Il y a bien sûr les incontournables comme Photoshop, 3ds Max, InDesign et Illustrator et les formations Web HTML5 ou encore WordPress. Mais on pourra aussi se lancer dans la photo avec des ateliers sur les techniques d’éclairage ou de cadrage ou à la formation audio en apprenant à créer, à jouer ou à mixer de la musique avec des logiciels comme Logic Pro, Cubase ou encore Mainstage, Pro Tools, Ableton Live, Reason, Audition, Finale ou GarageBand. Toute la chaîne vidéo est également couverte, de la captation d’images à la post-production avec les majors du domaine : Premiere Pro, Final Cut Pro ou encore After Effects.

Crédit photo Lionel Van Nuffel