L’initiative est venue du nouveau FabLab de la ville de Marche, l’E-Square.
Comme partout au début du confinement, les services de santé sont en attente de masques de protection. L’hôpital de Marche transmet aux services de la Ville une demande de visières pour ses services d’urgence. Nathalie Leruth est animatrice mi-temps à l’Epn/Fab. « Nous savions via notre veille technologique que différents FabLabs s’étaient lancés dans la fabrication de masques : celui de Liège, de Mons, d’Andenne, de Charleroi ou encore le Trakk à Namur. J’avais vu sur la page Facebook que le Fab-C produisait des visières avec une découpeuse laser. C’est un modèle créé à partir d’un fichier open source en partenariat avec le YourLab d’Andenne et les FabLabs de l’ULB. Il a été validé par la clinique Sainte Elisabeth de Bruxelles. C’est important de choisir un modèle validé par un service médical. L’avantage du procédé, c’est la rapidité. On travaille avec des plaques de plexiglas et on produit une visière en quelques minutes. On a également choisi des fichiers pour produire des visières de protection en impression 3D en utilisant du PLA, un polymère biodégradable élaboré à base d’amidon de maïs. »
Réseau de solidarité
Confinement oblige, les Makers se relaient au FabLab pour lancer des découpes et des impressions 3D . Aux manettes à côté de Nathalie Leruth et du designer maison Michaël Cravatte, deux bénévoles venus donner un coup de main: Julien Lebutte qui donne des formations Coderdojo à l’E-Square et Isabelle Dupont, chef d’atelier à l’Institut St Roch dont la section informatique possède quelques imprimantes 3D. Plus largement, c’est tout un réseau de solidarité qui s’est mis en place grâce à des particuliers qui ont mis leur équipement à disposition du projet : Cédric Garcet, Ludovic Poncin et Pierre Gislon pour leur imprimante 3D. Pierre Dradin a confectionné sa propre découpeuse laser. « Elle est plus performante que la nôtre. Il en a produit plus de 400 jusqu’à présent ! Là on a utilisé un autre matériau. Les visières en plexiglas sont moins robustes, plus cassantes. Michaël avait un stock de plaques de poluéthyrène dans un entrepôt. On a récupéré ce matériel pour produire des visières souples. Le reste du matériel est fourni par la ville et c’est le FabLab qui le dispatche aux bénévoles. »
Impression maison
Pour des raisons pratiques, Nathalie a repris une Dreamer 3D chez elle. « Au départ, je suis partie pour l’impression de modèles à trou. Puis j’ai cherché une version plus pratique. J’en ai trouvé un validé par un hôpital français, qui utilise des pinces crocodiles comme accroche. On ne doit plus faire de trou, cela permet de gagner du temps. J’en imprime une vingtaine par jour. » Au fil des jours, la logistique s’est mise en place. « Au début, on donnait rendez-vous au FabLab pour le retrait des masques. Puis une cellule de crise s’est mise en place à la ville de Marche qui a distribué des rôles. Un bureau du service de la ville s’est transformé en dépôt. Ceux qui ne peuvent pas s’y rendre s’adressent aux éducateurs de rue qui se sont vus chargés d’assurer la distribution. L’ensemble des services de santé a été contacté par la cellule de crise pour se voir proposer une visière. » En tout, quelque 1500 protections ont été fabriquées par le réseau Marchois des « Makers »