Est ce que le numérique haut débit est vraiment ce que nous voulons ? Est ce que le tout digital est ce qu’on souhaite pour notre société ? En réponse à cette question posée lors de la conférence sur l’inclusion numérique du 13 mars dernier, Christie Morreale insiste sur l’importance qu’ont les Etats, les Régions et l’Union européenne. A ses yeux, il est impératif et urgent que ces entités prennent les mesures de régulation ad hoc afin d’éviter qu’une partie de la population ne bascule dans une marginalisation plus profonde encore. Il y a pour la Ministre un autre impératif : que les opérateurs de terrain apprennent à apprendre le numérique, dans la distance critique et le recul nécessaire à une utilisation saine et citoyenne.
Quand le numérique se fait angoissant
Le numérique n’est ni blanc, ni noir. Pour Christie Morreale, il faut trouver un équilibre entre l’opportunité que représente la digitalisation et le risque d’une fracture numérique encore plus grande pour certaines et certains. « Notre responsabilité, c’est de prendre les mesures nécessaires pour contraindre les Etats et les Régions à fournir un accès universel aux services essentiels. Dans un contexte croisé de multi-crises et d’accélération de processus, je pense qu’on est arrive à une situation d’angoisse à laquelle il faut pouvoir répondre rapidement. «
Fragilité sociale et problèmes de santé mentale
« J’ai les compétences de santé à la Région. Je suis frappée de voir parfois à quel point des personnes se retrouvent finalement en fragilité sociale ou de santé mentale parce qu’elles sont angoissées par cette numérisation qui fait irruption dans leur quotidien. Des réactions rapides sont nécessaires et on doit pouvoir agir de manière transversale. Ce n’est pas uniquement du ressort de la seule Ministre ou d’un accès informatique pour tous. »
Un regard critique sur le numérique
L’accès à l’outil doit exister pour toutes et tous. Mais le plus important, c’est que chacune et chacun ait les compétences nécessaires pour l’utiliser correctement et pour pouvoir prendre du recul et un regard critique sur le numérique et la nature des interactions qu’il rend possible entre les citoyennes et les citoyens. Je pense également qu’il est fondamental, dans un société du vivre ensemble, d’apprendre à nos enfants que l’écran ce n’est pas tout et que le contact humain est et reste fondamental. Et qu’il ne sera jamais, en tout cas je l’espère, remplacé par une intelligence artificielle. «
Apprendre à apprendre
Il faut pouvoir apprendre à apprendre le numérique. « On sait qu’aujourd’hui, il y a un manque de connaissances au niveau des instituteurs, au niveau des enseignants. Il faut savoir parler d’une utilisation du numérique qui peut être très négative sur la santé mentale des citoyennes et des citoyens, plus particulièrement chez les enfants. Je pense notamment au harcèlement, à la cyber-criminalité, aux dangers que représente la fraude auprès des personnes âgées. La question essentielle est donc : « Comment les opérateurs de première ligne assurent un suivi auprès de ces personnes et les accompagnent ? »
Responsabilité du politique
« En même temps, il y a 10 ans ou 20 ans, personne n’était connecté. Personne n’aurait pu imaginer qu’il serait possible d’avoir de l’enseignement et de la médecine en ligne. On est capable d’une grande résilience mais il faut vraiment insister pour que les états, les régions et l’Union européenne prennent les mesures de régulations qui permettront d’éviter que ne s’accentue la marginalisation dont souffre une partie de la population. Ce sont là des enjeux majeurs dans une Europe qu’on veut plus sociale et plus inclusive. »