Mettre à jour et clarifier les outils de la puissance publique pour (re)penser la médiation numérique

« Il importe d’appuyer l’action publique sur les notions d’inclusion et d’exclusion numérique, de littératie numérique et de médiation numérique. »Il s’agit encore de « dépoussiérer les concepts et mettre en perspective un concept vieux de plus de 10 an». Celui de la fracture numérique.

Ce sont deux des propositions du traditionnel rapport des EPN. Pandémie oblige, le document rendu disponible début mai couvre les années 2019 et 2020. Principal constat : l’affirmation du rôle crucial des EPN dans son coeur métier: cela de la médiation numérique. Et la nécessité de l’articuler avec l’ensemble des mesures et initiatives en place dans les tiers lieux du numérique

Tiers lieux territoriaux de médiation numérique

Le Centre de Ressources des EPN recommande ainsi « de penser l’inclusion numérique dans une vision holistique avec des concepts définis, partagés, opérants, bien au-delà de la « lutte contre la fracture numérique ». Et, dans la foulée, « d’adapter le dispositif, le Label et le Réseau des EPN dans une perspective de tiers lieux territoriaux de médiation numérique. »

Du travail et des défis

Pour les EPN, l’année 2019 se clôture par une fête organisée à l’occasion des 15 années d’existence du réseau et par la reconnaissance du rôle essentiel qu’il joue sur l’échiquier de l’inclusion numérique citoyenne. Ce qui est mis sur la table ce jour là, le 12 décembre au Théâtre de Namur, c’est le travail accompli et les défis à relever. Le travail accompli, c’est 230.000 personnes accueillies en 2018. Les défis à relever ce sont 593.000 wallons en situation de décrochage numérique et 409.000 en difficulté numérique (Source Agence du Numérique 2019).

Un EPN sur deux est resté ouvert

Et puis la covid s’est brutalement imposée à l’agenda. Dans l’urgence, les EPN ont été obligés de se réinventer pour garder le contact avec leurs publics. Face à l’onde de choc provoquée par la pandémie, une moitié du réseau (53%) est parvenue à rester ouvert en tenant compte des contraintes légales. L’autre a fait avec les moyens du bord pour sortir du mode stand by, ici en déployant des outils de lien, d’animation et de formation à distance, là en mettant son infrastructure à la disposition des étudiants et/ou en pratiquant des accompagnements individuels. Ce pourcentage varie quelque peu en fonction du type de structure de l’EPN : la plage court de 51 % (les services communaux et les bibliothèques, respectivement 45 et 43 structures) à 59 % (les CPAS, 22 structures). En intermédiaire, on trouvera les ASBL (53%, 34 structures) et les PCS (55%, 22 structures). En tout, le dispositif occupe quelque 294 personnes. Aux termes de l’évaluation 2020, 91.301 personnes on fréquenté un EPN physiquement en 2020 et 17 590 ont participé aux activités numériques et virtuelles.

2.475.000 € pour la Noël des EPN

Ensemble, les EPN mettent à disposition du public un parc matériel significatif: quelque 1252 postes fixes, 519 portables et 452 tablettes avec en sus différents périphériques comme des scanners, imprimante 3d, des équipements photo et vidéo numériques, des jeux et du matériel pédagogique. Le tout il faut bien le reconnaître avec une couche d’obsolescence. Qui a fait fin 2020 l’objet d’un solide rafraîchissement avec l’injection de 2.475.000 € pour le renouvellement des équipements du dispositif.

La médiation numérique au service de l’inclusion numérique

53% des EPN ont les seniors comme premier public (et dans ce cas les demandeurs d’emploi et les adolescents sont les choix suivant), 25% les demandeurs d’emplois (et les personnes émanant du CPAS et les femmes isolées comme choix suivant) et 17% les jeunes. Avec comme cœur de métier la médiation numérique au service de l’inclusion numérique. Eric Blanchart, Chargé de mission Centre de Compétences EPN: « Il serait réducteur et contraire à la pratique des EPN de les réduire à de l’orientation ou à l’inverse, de n’y voir que des leviers de formation. La démarche de la médiation numérique propose aux citoyens d’apprendre par le faire et d’apprendre par les pairs. Comme le décrit en France le portail officiel de la médiation numérique, « elle se matérialise avec la meilleure efficacité à l’occasion de la réalisation de projets, d’actions, d’expérimentations (projet de développement local, projets de création économique, culturels, artistiques) et de fabrication (prototypage, design, objets, site). Depuis 10 ans, un concept novateur a émergé en Europe pour qualifier les nouveaux lieux destinés à accueillir et à créer de nouveaux liens sociaux, notamment numériques: les tiers lieux. Cette notion de tiers lieux numériques est celle qui correspond le mieux au type d’espace fonctionnel que sont les EPN. »

Fédérer les acteurs de l’inclusion

Parmi les 12 recommandations du rapport, il y a celle d’adapter le dispositif de base des réseaux des EPN en ce sens et, en parallèle, de coordonner les acteurs de première ligne de la médiation numérique : EPN, PMTIC, Aidants Numériques et autres facilitateurs. La délégation de l’animation du réseau des opérateurs PMTIC au Centre de Compétences peut être vu comme une première étape en ce sens.