C’était l’intitulé du dernier moment d’échange « officiel » prévu dans le déroulé du Salon des Acteurs de l’Inclusion Numérique qui s’est tenu le 10 novembre dernier à l’Aula Magna de Louvain La Neuve. De fait, les EPN ont été un des fils rouges de la journée, rappelés et mis en évidence par les ministres Borsus (60 nouveaux dispositifs financés), Olivier Ruol (8% de la population s’est rendue dans un EPN en 2022) et Ariane Baré (reconnaissance certificative via validation de compétences du métier d’animateur numérique).
Prise de conscience du politique
Eric Blanchart coordonne le dispositif depuis une quinzaine d’années : « En dehors des rencontres EPN-PMTIC organisées par le LabSet, voilà presque 10 ans qu’on n’avait plus connu un événement de rencontres et d’échanges d’une telle ampleur. Toute la journée, j’ai répondu à énormément de questions. Toutes et tous étaient surpris, positivement, du volume de mesures prises autour du secteur des EPN. Pourquoi, soudain, cet éclairage? Je pense que Willy Borsus a parfaitement répondu. Nous nous trouvons à un moment où tout le travail autour de l’inclusion numérique débouche sur une réelle prise de conscience et sur des résultats concrets. »
On peut très vite devenir un exclus du numérique
« Historiquement, il y a 20 ans le dispositif des EPN a été créé avec des appels à projet de création, sans financement structurel donc. Beaucoup de décideurs pensaient que la fracture numérique allait se résorber naturellement, que c’était une question générationnelle et que les digital natives allaient prendre le relais. On se rend compte aujourd’hui qu’on est loin du compte. A tout moment, on est susceptible de pousser la porte d’un EPN. Vous, moi, n’importe qui. La technologie et les applications évoluent très rapidement. On est « numériquement » inclus à un moment et ensuite, parce que l’on change de pratiques professionnelles, de paysage, on peut se retrouver très rapidement exclus. Depuis la crise sanitaire, on s’est rendu compte de l’importance de la fracture numérique. Alors qu’auparavant on pensait qu’elle se cantonnait à des segments de publics particuliers comme les seniors, les familles mono parentales ou les personnes précarisées, on constate aujourd’hui qu’elle concerne, à des degrés divers, un wallon sur trois. On retrouve ces mêmes proportions en Flandre. »
Mutualiser
Créer de nouveaux EPN a donc tout son sens. Mais le réseau n’est plus, loin s’en faut, le seul dispositif d’inclusion numérique. « En terme de fréquentation, on est à 50 à 60.000 personnes qui passent la porte d’un EPN chaque année. Ces chiffres sont à lire à l’aune du million de wallonnes et de wallons qui ne sont pas en confiance et des 300 à 350.000 personnes qui sont en difficulté. C’est pourquoi on doit se féliciter de ce que de nombreux acteurs s’emparent du sujet. Je songe notamment aux CISP, aux CPAS et au secteur associatif qui multiplient les actions sur le terrain. Tout l’intérêt est de partager et mutualiser ces initiatives. La cartographie des lieux et des usages devrait favoriser de nouvelles synergies et donner de plus de cohérence à l’action de tous ces acteurs. La campagne de communication qui durera toute l’année prochaine devrait aider à jeter un coup de projecteur sur nos secteurs. Celui des EPN qui ne sont connus que de 44 % de la population, et plus largement celui de l’inclusion numérique. »
Vers une fusion EPN/PMTIC ?
Question dans la salle. « »L’année dernière, l’animation des réseaux des EPN et des PMTIC était conjointe. Est ce qu’il y une intention de fusion ? » Eric Blanchart : « Je ne sais pas s’il y a une volonté de rassembler les deux dispositifs et de les inscrire dans le même décret. Ce qui est sûr, c’est qu’une réflexion est menée pour faire entrer les EPN dans un texte de loi pour pérenniser leur existence. Les accointances sont fortes entre les deux réseaux. Le programme Start Digital concerne deux tiers de CISP et un tiers d’EPN. Il y a un travail commun qui vise à faire monter en puissance les compétences numériques des citoyens. Il y a des différences aussi. Le parcours de formation Start Digital porte sur les compétences numériques de base avec un cahier des charges (très) cadré. Les EPN ont beaucoup plus d’autonomie par rapport à la matière qu’ils utilisent afin d’accompagner leur public. »
Les EPN à domicile ?
Autre question : « Est-ce que les EPN se déplacent à domicile ? » Eric Blanchart : » Alors il y a eu des initiatives dans ce sens, mais très peu. Dans le passé, on a connu des bus équipés qui se déplaçaient de village en village. On trouve encore de ces solutions mobiles dans certaines communes comme l’EPN mobile de la Province de Luxembourg, de Jemeppe Sur Sambre, Bernissart ou d’Yvoir. Il existe aussi des kits embarqués : 10 portables et un routeur dans un valise. Ce qu’on voit aussi, ce sont des communes qui dédient un local avec des ordinateurs et une connexion Wi-Fi. Mais cela reste minoritaire. »
L’espoir d’une aide structurelle
Et puis la traditionnelle question des moyens. « Est ce que l’espoir d’une aide structurelle est vain demande quelqu’un ? » Eric Blanchart : « »Je ne suis absolument pas la bonne personne pour répondre à cela. La réflexion est en cours. De nôtre côté, comme Laurence Gindt vous l’a dit tout à l’heure, nous soutenons fermement la mise en place d’un financement structurel mais c’est compliqué tant les entités et leurs dispositifs de subsidiation sont différents. Entre une commune, une association, une bibliothèque ou un CPAS, ce n’est pas la même chose. Je pense qu’une partie de la réponse a été donnée avec la participation des ministres au Salon et leurs annonces. Ce qui a été montré aujourd’hui est plus qu’encourageant. «
