Le temps d’un projet en tout cas, celui de « Fibre solidaire » qui a débouché sur une mission d’équipements et d’écoute de témoins militants du vécu du RWLP et de 7 AMO, et sur la création de 11 tutos réalisés par RTA Namur. Le tout est mis en ligne sur le site ressources « Prévention Vulnérabilités » confirmant la vocation du réseau à rester un acteur de deuxième ligne qui développe une vision holistique de l’impact du numérique sur les inégalités sociales
Pas la vocation, pas les compétences
« Nous n’avons pas », explique Christine Mahy, secrétaire générale du RWLP, « vocation à mettre en place des projets de première ligne pour lutter contre la fracture numérique. En quelque sorte, cela s’est imposé à nous en marge des négociations que le Réseau conduit dans le cadre du nouveau décret de lutte contre la pauvreté et pour la réduction des inégalités sociales et de la désignation d’un Centre de ressources. » Le RWLP s’est ainsi vu attribuer des moyens dans le cadre d’une action portant sur la réduction des inégalités numériques. « Cela nous a conduit à réfléchir afin de ne pas faire ce que font déjà les acteurs de terrain de l’inclusion et de la fracture numérique. Nous ne sommes pas là pour cela, nous n’en n’avons pas les compétences. »
11 tutoriels à destination des (jeunes) oubliés du numérique
« C’est pourquoi nous avons pris deux portes d’entrée: tout d’abord, nous avons mis en place un dispositif d’équipement matériel et d’écoute à destination des témoins du vécu militants au réseau (au sein du RWLP, les personnes appauvries qui participent à la réflexion et à l’action se reconnaissent et sont reconnues comme des témoins du vécu – militants NDLR) qui sont hors numérique. Nous avons fait la même chose avec les AMO afin de les entendre sur leur « réalité numérique ». Ce travail d’écoute a également débouché sur la réalisation de 11 tutoriels, réalisés par RTA Namur. Anne-Sophie Noiret, Coordinatrice PEP-aide la jeunesse RWLP: « Ceux-ci abordent différentes compétences en lien avec l’usage d’un ordinateur ou d’une tablette. Les contenus choisis sont apparus dans le cadre de ces échanges avec les jeunes, les familles et les témoins du vécus/militant.e.s vulnérabilisés. Chaque tuto a été réfléchi et réalisé pour rendre l’accès le plus facile aux compétences souhaitées par les personnes questionnées: le débit est lent et clair, les termes employés accessibles et un zoom est mis sur chaque action.
Une dizaine de ressources, des reportages et témoignages
L’ensemble est téléchargeable et libre de droits sur le site Prévention Vulnérabilités. Celui comprend pour l’instant une dizaine de ressources qui, élaborées à un niveau local, peuvent intéresser d’autres acteurs: une valise d’infos Covid mise en place par le service de prévention du Brabant wallon et sa déclinaison « boîte à outils face à la crise sanitaire » par le service de prévention de Liège,Huy et Verviers; un retour d’expérience de l’AMO MIC-ADOS concernant la vigilance à avoir envers le public vulnérable lors de la mise en place de sessions d’enseignement à distance ou encore un recueil d’accessibilité des services d’aide et d’initiative spécifiques, par commune, pour Charleroi, Mons et Tournai. Le site comprend encore des interviews et reportages qui exposent des initiatives créatives qui visent à prévenir l’aggravation des vulnérabilités du fait de la crise sanitaire.
Le numérique comme facteur aggravant de la perte de droits
Christine Mahy: « Notre rôle n’est pas de régler l’inclusion numérique mais notre action nous conduit à avoir un regard holistique de l’impact du numérique sur le champ des inégalités sociales. C’est pour cela qu’on a accole au terme numérique celui d’inégalité. Le Réseau a endossé le rôle de répondant de seconde ligne pour le numéro d’urgence 1718. Nous sommes ainsi le témoin de situations extrêmement complexes où l’on voit à quel point le numérique peut jouer un rôle pesant dans le retard ou la perte de droits. Il y a toute une partie de la population qui risque de passer à côté de la digitalisation. Le RWLP participe à la task force wallonne sur l’urgence sociale et à la plate-forme fédérale public vulnérable. Cela nous amène à nous exprimer sur le sujet à partir de multiples facettes comme le coût de l’équipement et la connexion, la formation, l’accompagnement, la sécurité, la vie privée mais aussi sur le risque que fait peser la politique du digital partout sur différentes parties de la populations. On s’exprime aussi régulièrement sur les problèmes que le télétravail provoque dans la continuité d’exercice du service public par rapport au plus défavorisés. Si on décide au niveau politique de faire du numérique un passage obligé pour l’accès aux services publics et para publics, il est de la responsabilité des gouvernements d’en garantir l’usage en permanence. »
Crédit photo S. Hermann & F. Richter (Pixabay)