Générations followers : le sujet ne figure pas dans l’agenda du moment


C’est le constat de la directrice de Media Animation qui organise la Semaine Numérique avec PointCulture depuis 2014. Pour Anne-Claire Orban de Xivry, cette année, la Semaine Numérique a joué le rôle d’un moule dans lequel les organisations sont rentrées sans vraiment s’investir dans la thématique.

On ne s’est pas emparé du sujet

Anne-Claire Orban de Xivry : «On n’est pas prêt, autour de nous, à aborder et à remettre en question cette dimension de l’Internet et des plates-formes en ligne propriétaires. La plupart des couvertures presse qu’on a eu sur cette thématique se résume en des copier/coller de notre communiqué de presse. Pour moi, les journalistes, les comités de rédaction et les médias de façon globale n’ont pas réussi à s’emparer du sujet. Tout comme celui-ci s’est avéré difficilement saisissable et transposable dans les EPN. Il y a eu, dans les activités de la semaine numérique, très peu d’ateliers, à part ceux de médias d’animation, qui étaient en lien avec « Generations Followers « . Alors cela pose plein de questions. Est ce que c’est uniquement parce que ce n’est pas dans l’air du temps ou est ce que il y a eu de notre côté, au niveau communicationnel, des imprécisions et un manque d’accompagnement? « 

Un vent de fatalisme  ?

Anne-Claire Orban de Xivry : « Mais peut être la difficulté vient d’un sentiment de fatalisme car il faut tout de même bien ouvrir les yeux. Ces plates-formes sont basées sur des modèles publicitaires. Pour compter un maximum d’utilisatrices et d’utilisateurs, elles font appel à des mécanismes qui reposent sur des principes cognitifs et psychologiques comme les boutons de like, le défilement infini ou les notifications qui nous captent émotionnellement. L’impact sur les citoyens et citoyennes est conséquent et l’on se demande quelles pratiques éducatives vont être à même de redonner du contrôle aux internautes, jeunes et moins jeunes. »

Seulement une dizaine d’activités sur la thématique 2024

Très peu donc d’activités (une petite dizaine sur les 185 recensées) centrées sur l’économie de l’attention et de la captation. Parmi celles-ci, le débat et spectacle d’impro « L’hyper-connexion numérique et ses impacts sur la santé mentale : Débat et spectacle d’impro « . La conférence « Les algorithmes de recommandation sous la loupe de Marche en Famenne . Les ateliers « Degoogle you life », Autodéfense numérique » et « Mastodon : un réseau décentralisé pour remettre l’humain au centre » ? à Ixelles. L’atelier « Smartphone & addiction  » à Villers, ou encore « Accompagner les jeunes sur les réseaux sociaux à Seraing et « Les Jeunes et les écrans  » à Beauvechain.

Monétisation du relationnel

Chez Media Animation, on retrouve bien sûr le fil conducteur de l’édition 2024 de la Semaine Numérique avec l’atelier laboratoire Betternetlab « Jeunes et consommation en ligne : vers des usages plus informés et conscients ? »  à Molenbeeck et l’atelier-formation « Generations Followers  » qui s’est tenu dans les EPN de Villers La Ville, Sprimont et Namur.

Quels accompagnements des pratiques en ligne ?

3 questions sont sur la table : Sommes-nous tous des followers malgré nous ? Le follower est-il simplement une cible privilégiée des grandes plates-formes numériques ? Peut-il s’affranchir des approches de propagandes ? Anne-Claire Orban de Xivry : « Nous nous sommes centrés, dans le cadre du projet européen Betternet, sur les consommations en ligne des jeunes et la question du relationnel monétisé. Comment le design des plateformes, par exemple, participe à l’économie de l’attention. Comment est-ce que la façon dont c’est designé joue d’un point de vue psychologique sur notre volonté de revenir, de réutiliser, de continuer, de suivre. Comment est-ce que l’être ensemble et le temps sont monétisés dans les pratiques notamment vidéoludiques. Il y a dans les jeux vidéo toute une série de mécanismes qui font en sorte que le jeune reste, ou bien que le jeune partage, parce que ça fait gagner des points. C’est une espèce de monétisation symbolique ». Côté pédagogique, cela débouche sur toute une série de questions, d’enjeux auxquels les éducateurs au Média, les parents, tous ceux qui s’emparent de cette question de l’accompagnement des pratiques, souhaitent investir davantage. «