A Liège à l’Abri de jour, le restaurant social s’est doublé d’un EPN

Tous les jours de la semaine sauf le mercredi à l’Abri de jour Liège, il y a un repas chaud offert. Le mercredi, le restaurant social se transforme en EPN avec Théo Dervillé à la manœuvre. Cet éducateur a suivi une formation de 2 jours chez Bibliothèques Sans Frontières, ce qui lui a permis de peaufiner le déroulé de ses séquences d’animation et de formation. Le projet a démarré le 6 septembre dernier.

Les travailleurs sociaux de plus en plus confrontés au numérique

Héloïse Nizet est la coordinatrice de l’Abri de Jour Liège : « Il y a une demande récurrente des bénéficiaires pour un accès à un ordinateur au sein du service. Le projet d’EPN part également du constat que nos travailleurs sociaux sont de plus en plus sollicités pour accompagner des démarches administratives qui passent par le numérique comme obtenir un document sur le site du service de la ville, obtenir une composition de ménage ou envoyer un mail. Il y a aussi toutes les questions liées à l’utilisation du smartphone. D’où notre volonté de rendre ces personnes autonomes »,

Une première familiarisation avec le numérique

Le public de l’association est en décrochage social et numérique. Ce sont des personnes en très grande précarité, dont une large majorité (75%) sont sans abri. Héloïse : « Je pense qu’on peut vraiment se définir comme une première structure de familiarisation de notre public avec l’outil numérique afin qu’il ose pousser la porte d’autres structures qui sont peut être moins encadrantes, moins dans l’accueil social. Deux sessions ont eu lieu en septembre. Elles ont rassemblé 8 personnes (5 personnes la première session, 5 personnes la seconde dont 3 venaient pour la seconde fois). Théo leur a donné la liste des EPN existant à Liège, et celle du Cybercafé social qui ne se trouve pas très loin de l’Abri de jour. Théo : « Tout d’abord, on se familiarise avec l’ordinateur. La plupart du temps, les personnes qui viennent n’en n’ont pas. Elles utilisent leur smartphone. Une fois qu’on a vu le fonctionnement de base, je réponds à leur demande : comment utiliser Internet, comment envoyer des pièces jointes et/ou numériser un document. Le plus délicat est de faire le lien entre le smartphone et le PC. Mon objectif est de leur montrer qu’on peut faire avec l’un ce qu’on peut faire avec l’autre. »

Séquençage

A la base, Théo voulait partir de modules prédéfinis. « Sauf que cela n’a pas été possible. Les gens viennent avec leurs demandes et leur spécificités. Je suis donc fort dans l’écoute, même si bien sûr j’ai séquencé différents modules qui doivent répondre aux demandes les plus fréquentes. Je les adapte au fur et à mesure. Lors de la première session, l’un des participants voulait savoir comment envoyer un mail à partir de son iPhone. Je ne connaissais pas la procédure. J’ai cherché et maintenant, ce module se décompose un 10 étapes.

Conscientiser l’utilisation du numérique

J’ai également segmenté l’initiation à un moteur de recherche. Qu’est ce que c’est, où le trouver s’il n’est pas sur le bureau. Il faut, c’est la phase la plus difficile, expliquer ce qu’est une interface quand la page arrive, ce qu’est l’onglet URL, à quoi il sert, si on peut faire une recherche dedans. J’attire également sur le fait qu’il faut faire attention. Par exemple, lorsque l’on utilise Google ce qui est pratiquement toujours le cas, on tombe sur beaucoup de sites sponsorisés. Je tiens beaucoup à conscientiser la recherche sur Internet. Du coup, j’en suis à 14 étapes. Mon objectif est de rassurer, de montrer que c’est facile, que tout le monde peut utiliser le numérique. Je m’assure aussi que les personnes ont bien intégré l’exercice par de petits exercices pratiques. J’ai aussi des fiches, insipirées de 123 Digit, que je peux distribuer.  »

Accueil inconditionnel

Héloïse : « Le projet de l’EPN complète la mission de notre service qui est d’offrir un accueil inconditionnel. On a comme objectif d’établir un premier contact avec le numérique et de favoriser le lien avec d’autres structures.  » Pour l’instant, l’EPN est accessible tous les mercredi de 14 à 16 heures. 5 machines sont disponibles. 3 pour de la navigation libre mais encadrée, 2 pour les modules de formation données par Théo. Les autres jours, lors de l’ouverture du restaurant social, il y a toujours un ordinateur disponible et accessible au public. Il est principalement utilisé pour de la recherche de logement, de travail et la création de CV. A terme et c’est le sens de la formation suivie chez BSF, l’idée est de former des aidants numériques parmi les bénévoles pour épauler Théo tout en augmentant le nombre d’ordinateurs disponible.