C’est d’abord pour aider le personnel soignant de la région de Malmedy-Waimes-Stavelot que le groupe Facebook Shields visièresolidaire a été formé le 27 mars dernier. Véritable plate-forme tournante de la solidarité 3D, il réunit aujourd’hui 172 membres pour une demande globale, début mai, de 4336 visières et 2795 attaches.
L’EPN M@lmedia de la bibliothèque de Malmedy s’est doté d’une imprimante 3D fin 2018. Kevin Diffels, animateur: « J’étais un peu embêté car je n’y voyais aucune utilité. A part un peu de modélisme, l’une ou l’autre figurine et quelques réparations classiques, elle ne servait pas à grand-chose. Au début du confinement, l’échevin Simon Dethier qui a notamment en charge l’informatique m’a contacté car il a vu que des supports de protection étaient imprimables. En effectuant quelques recherches, je m’aperçois qu’Amaury Maréchal a proposé ses services à la Maison de repos de Waimes. Nous nous contactons par Messenger et de nos discussions ressort la nécessité de créer un groupe local pour coordonner l’action sur le territoire avec plus de facilité. Une fois celui-ci mis en place, nous lançons un appel pour que d’autres nous rejoignent. C’est ainsi que Maxime Blaise rejoint le projet. »
Fichiers Open Source
Le groupe Shields visieresolidaire va se structurer autour de ce trio pour servir plus facilement un territoire plus large: Malmedy, Waimes, Stavelot, Trois-Ponts, Jalhay, Verviers, Eupen, Plombières, Henri-Chapelle. Kevin: « Amaury est dessinateur industriel. Il a sélectionné quelques modèles à partir de fichiers open source. On est allé aux urgences et aux soins intensifs de l’hôpital de Malmedy pour avoir leur retour. On a fait des tests et on a adapté le modèle en concertation avec eux. Ils avaient des soucis lorsqu’ils devaient faire des intubations, le plastique s’enlevait, c’était vraiment trop fragile. » Au fur et à mesure des adaptations, les fichiers et les instructions de découpage sont mis en ligne sur le fil d’actualité Facebook par Amaury.
2 modèles de visière
Au départ, les « imprimeurs » bénévoles travaillent avec deux modèles. Le premier fichier permet d’imprimer une visière pleine qui est fermée sur le dessus, ce qui empêche toute particule plus légère de se glisser entre le visage et la protection mais est plus sujette à l’apparition de buée. Le second contient les instructions pour l’impression d’une visière ouverte, plus simple et potentiellement plus confortable. Kevin: « Ces visières anti-projection ne protègent – par définition – que contre les projections (postillons, salive, sécrétions, etc). En aucun cas elles ne peuvent remplacer les masques FFP2 ou tout autre type de masque médical homologué. Elles ne viennent qu’en complément de ces masques professionnels et ajoutent une protection supplémentaire. Elles permettent également d’empêcher – par réflexe – de porter les mains à son visage. »
Communauté de makers
« Les coups de main sont venus d’un peu partout. On a vidé les stocks de bobine de la bibliothèque et on en a recommandé. L’imprimerie de Waimes a proposé son stock de 400 feuilles de PVC. L’Institut Notre Dame Malmedy nous a donné accès à ses machines qu’on a pu faire tourner jour et nuit pour augmenter la production. L’association Schutzmasken für das Leben a payé 15 bobines. Le Groupe CB a donné 200 mètres d’élastiques. Le Groupe CB a donné 200 mètres d’élastiques. : au final, nous les avons redirigés vers les personnes qui fabriquent des masques. Cet élastique était plus utile pour elles. Nous utilisons sur conseil de l’hôpital de simples élastiques en caoutchouc qui sont plus faciles à stériliser. De très nombreuses personnes ont mis gracieusement à disposition leurs imprimantes et leur stock de bobines personnelles. Les feuilles sont à retirer chez Amaury. On passe chez les particuliers pour rassembler leurs productions afin de les redispatcher en fonction de la localisation des demandes. On a un fonctionnement en étoile. Pour chaque membre imprimeur, il y a un maker de contact qui rassemble la production. J’habite à Verviers. J’effectue la collecte chez trois ou quatre personnes et puis je redispatche en fonction de la localisation de la demande. Tout est noté dans un tableur sur un drive disponible à partir de la page Facebook.
Le groupe vole de ses propres ailes
Début mai, les demandes totalisaient 4336 visières et 2795 attaches. « On a eu un coup de mou la semaine dernière. Toutes les commandes avaient été honorées. On a décidé de constituer un stock le plus raisonnable possible car, dans la perspective du déconfinement, on pense que les demandes vont de nouveau affluer. » Soutenu au départ par la commune, le groupe vole aujourd’hui de ses propres ailes. Sur son fil d’actualité, les photos des bénéficiaires s’entremêlent avec celle des tables encombrées par les masques et les machines des makers, les questions techniques succèdent aux avis de productions et aux messages de sympathie et de remerciement. Le dernier date du 4 mai
« Bonjour à tous ! Je voudrais, au nom, des soignants avec qui nous collaborons chaque jour dans plusieurs maisons de repos de la Province de Liège, remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont donné de leur temps, de leur énergie, de leur argent, pour nous permettre de travailler dans un climat serein et plus détendu. Les visières sont bien plus solides que celles qu’on a pu recevoir auparavant et c’est un réel tracas en moins permettant plus de liberté de mouvement et de confiance quant à la protection contre le virus !🦠🧨 »