Les 12 décembre, 6 février, 20 février,et 13 mars prochains à Molenbeeck, le Comité humain du numérique organise sa désormais célèbre formation/atelier « Parlement humain du Numérique « , un parcours collectif conçu à partir du livre « Le Code du Numérique » publié en juin dernier.
Interventions d’Anne Löwenthal de l’ARC et Élise Degrave de l’U-Namur
La première journée verra l’intervention du Comité humain de la Louvière et d’Anne Löwenthal (de l’ASBL l’ARC) pour un retour d’expérience. Celle du 20 février sera organisée en collaboration avec Elise Degrave. Sans surprise, elle porte les aspects juridiques du projet, en mode pratico pratique. La journée de clôture se focalisera sur l’abc de la diffusion des lois avec un brainstorming sur les actions communes et partenariats possibles : recommandations collectives aux administrations, interpellation communale,… En bout de course, une rencontre festive et la proposition d’une charte
Rendre visible l’invisible
Le Comité Humain du Numérique est né en 2021, au sein du Front Rendre Visible l’Invisible, collectif de lutte contre la pauvreté et pour la justice climatique à Bruxelles. La même année, le Comité a commencé à travailler sur la thématique du numérique. Lors du 17 octobre, Journée de Lutte contre la Pauvreté, une trentaine de personnes ont échangé sur le numérique, en criant des témoignages sur scène.
Les nouveaux services digitaux doivent être approuvés par les précarisé(e)s du numérique
L’année suivante, une première revendication est formulée par le Comité et défendue par le Front Rendre Visible l’Invisible : « Conserver une accessibilité non digitale dans les services publics et privés pour éviter l’exclusion sociale et les coûts environnementaux. Chaque service doit conserver le recours à l’humain, par exemple avec les guichets, le papier… ! Et si de nouveaux outils numériques sont adoptés, ils doivent d’abord être approuvés par un Comité Humain, composé de précarisé·es du numérique. C’est-à-dire les personnes pour qui le numérique ne facilite pas la vie, mais la complique, notamment dans l’accès à leurs droits fondamentaux. »
Au Quartier des Marolles
Toujours en 2022, le Comité humain a décidé de cibler le quartier des Marolles à Bruxelles comme territoire-échantillon pour agrandir le Comité et pour créer avec les habitant·es le Code du Numérique, un code qui encadre l’utilisation du numérique. C’est ainsi que le Chapitre 1 du Code du Numérique portant sur l’accès aux services essentiels et l’accès aux droits fondamentaux a été rédigé. Le 10 juin, devant la Tour des Finances, une cinquantaine de citoyens ont annoté le Code et manifesté.
Question de santé
Le Comité a choisi ensuite collectivement le deuxième thème sur lequel écrire des lois : la santé. De la même manière qu’avec le Chapitre 1, le groupe a lancé une récolte de témoignages. Parallèlement, le Comité s’est mobilisé contre l’ordonnance Bruxelles Numérique, culminant avec une grande manifestation le 10 octobre 2022. Un an plus tard, le groupe a organisé deux grands Parlements humains de rue après plusieurs ateliers préparatoires.
8 lois fondamentales pour l’accès au droit et à la santé mentale
Le Code du Numérique est ainsi un texte de lois citoyen et autoproclamé, élaboré par des centaines de personnes de tous horizons. Ce livre rassemble plus de 3 années d’actions et de rencontres à Bruxelles et en Wallonie: rencontres avec des citoyen·nes, chercheur·euses en droit, politiques, discussions intimes, ateliers, créations de décors en carton, repas partagés, manifestations, … La partie centrale inclut 2 chapitres, portant sur l’accès au droit et sur la santé mentale et physique. Ce texte rassemble des témoignages articulés autour de 8 lois fondamentales. Celles-ci visent à repenser la place du numérique à partir du vivant – et non à partir d’enjeux techniques, philosophiques ou financiers.
Plus de 300 actrices et acteurs pour l’écriture des lois
Savannah Desmedt, responsable et assistante projet et assistante projet. « Nous sommes plus de 300 personnes à avoir joué un rôle dans l’écriture de ces lois. Nous ne défendons pas le retour au tout-papier. Nous défendons que c’est au numérique de s’adapter à l’humain et non l’inverse. Nous sommes des personnes âgées, isolées, des personnes ayant des difficultés avec la lecture ou l’écriture, des personnes porteuses de handicaps, des jeunes, des enfants, des personnes précarisées, des travailleuses sociales, des juristes, des banquier·es, des informaticiens publics, des éducateurs de rue, des sociologues, des artistes, des jeunes à la rue, des infirmières, des travailleurs dans des usines »
Maintenant, c’est aux experts et aux politiques de nous écouter
« Nous tous, nous sommes des Maîtres, des Présidents, des Ministres, des Professeurs, des Rois de la vie et de la survie. Nous prenons nos responsabilités pour réagir à l’urgence : il est temps de réglementer le numérique. Pour protéger nos droits, pour protéger notre santé mentale et physique, pour protéger notre vie privée, pour protéger nos travaux, pour protéger nos enfants, pour protéger la Terre. Il est temps de réglementer le numérique et pour cela il faut que tout le monde en parle. Il faut que tout le monde prenne conscience de la place que prend le numérique dans nos vies sans notre accord. Il faut un grand débat ! Ce ne sont pas les spécialistes du numérique qui vont nous imposer ce qui est le mieux pour nous ou non. Bien au contraire. Maintenant c’est aux experts et aux politiques de nous écouter. C’est nous qui allons leur expliquer ce qui devient une réelle menace pour nous et pour la démocratie. »
Dont acte