Du 7 au 18 octobre, l’évènement annuel organisé par Média Animation et Point Culture se centre cette année sur les enjeux de la monétisation de nos utilisations du numérique et de nos interactions. Avec un double objectif : donner un maximum de clés pour reprendre le contrôle de ses usages en ligne et mettre en lumière les solutions alternatives qui ne se basent pas sur l’économie de l’attention. Au cours de ces 12 journées, plus de 150 activités, ateliers, conférences, formations et débats sont organisés en ce sens.
Tous concernés
Ce n’est pas que les jeunes ou les « baby boomers « . Nous sommes toutes et tous « analysés » lorsque nous sommes en ligne sur les réseaux sociaux, les plates-formes de jeux ou les places de marché. L’impact du « taux de notoriété » est impressionnant. On s’informe et on achète de plus en plus sur Internet. Et 71% des consommateurs sont plus susceptibles d’acheter des produits basés sur des références sur les réseaux sociaux.
Modèle publicitaire
Caroline Robbeets, chercheuse à l’UCLouvain interrogée par Media Animation : « Il faut replacer ces plates-formes et leurs interfaces dans un contexte social et économique. On parle beaucoup de l’économie de l’attention, et ces plates formes sont en grande partie basées sur des modèles publicitaires. Elles vendent des espaces publicitaires et donc ont besoin d’utilisateurs actifs pour montrer ces publicités. Le design des interfaces joue un rôle central. Les plateformes ne se contentent pas de proposer du contenu, elles utilisent des mécanismes comme le défilement infini, les notifications ou les boutons de « like « .
Ajustement en temps réel
Pourquoi cela fonctionne-t-il si bien ? « Parce que ces mécanismes reposent sur des principes cognitifs et psychologiques puissants, qui activent nos émotions. Par exemple, le besoin de validation sociale est à l’œuvre avec le bouton « like « , tandis que la peur de manquer quelque chose (« FOMO « ) nous pousse à vérifier nos notifications. Le défilement infini nous maintient captivés en stimulant notre curiosité. Mais il est important de nuancer. Ces pratiques existent depuis longtemps dans d’autres médias, comme la télévision ou la presse écrite, qui se battent aussi pour attirer un maximum d’audience. Ce qui change avec les réseaux sociaux, c’est l’ampleur : on parle de milliards d’utilisateurs chaque jour, et parfois d’audiences très jeunes, ce qui pose des questions éthiques. Une autre particularité des interfaces de réseaux sociaux, c’est leur capacité d’adaptation : elles collectent des données sur nos interactions et s’ajustent en temps réel, rendant l’expérience encore plus personnalisée. »
Les alternatives
L’objectif des organisateurs est double. Tout d’abord, via l’éducation aux médias, proposer des formations, ateliers, conférences et animations pour mieux maîtriser sa navigation et ses interactions en ligne. Ensuite jeter un éclairage sur des plates formes alternatives comme Mastodon ou Discord qui constituent des espaces où la valeur des relations ne se mesure pas qu’en chiffre, mais en engagement et soutien réel. Discord par exemple, voit avec ses 150 millions d’utilisatrices et utilisateurs actifs mensuels se créer des communautés autour de passions communes plutôt que de transactions commerciales.
Les outils
Des cartographies des outils et des ressources existent : Macartonum.be, la cartographie des lieux d’aide au numérique, recense aujourd’hui 345 lieux à travers la Wallonie qui proposent une aide citoyenne liée au numérique. L’association de promotion du logiciel libre Abelli met en ligne une carte heuristique d’actrices et d’acteurs du numérique libre en Belgique tandis qu’OpenMinds a l’ambition de réaliser l’exercice au niveau européen avec un sus un panorama des ressources éducatives en ligne.
Générations Followers : repenser nos relations numériques
Parmi les nombreuses activités, on citera notamment le 15 octobre la conférence « les algorithmes de recommandation sous la loupe » (Marche en Famenne le 15 octobre), la formation « élaborer une charte d’utilisation de l’IA dans son école » (15 octobre à Charleroi), « Degoogle you life » (Ixelles le 12 octobre), « Accompagner les jeunes sur les réseaux sociaux » (Seraing le 14 octobre à Seraing) et la projection du documentaire « 2ème étage, Avenue Rogier » consacré à l’EPN CybeRogier (16 octobre à Schaerbeeck). Ou bien sûr, c’est le fil conducteur de la Semaine Numérique, l’atelier-formation « Generations Followers » organisé le 10 octobre à l’EPN de Sprimont. Affaire à suivre…
