Accessibilité numérique: 600 sites publics audités, 73% non conformes

Depuis 1 an, tous les sites et applications mobiles du secteur public (fédéral, régional ou communautaire) et toutes les organisations subsidiées à plus de 50% par l’État belge doivent être accessibles à tous, quel que soit le handicap des usagers. Des 600 testés par le BOSA, 27% seulement publient une déclaration d’accessibilité.

Depuis le 23 septembre 2020 et conformément à la directive européenne retranscrite en droit belge en 2019, les services publics sont tenus de publier une déclaration d’accessibilité sur leur site. C’est le SPF BOSA (Beleid & Ondersteuning Stratégie et Appui) qui est chargé de vérifier si leurs sites et applications mobiles ont une niveau d’accessibilité numérique conforme à la loi.

Egalité d’accès

Pascale Linard, Consultante et auditrice en accessibilité numérique pour le service fédéral: « La loi sur l’accessibilité numérique s’inscrit dans une démarche d’égalité et constitue un enjeu politique et social essentiel. Elle doit garantir à toutes et à tous sans discrimination le même accès aux services et informations publiques. Il n’y a pas que les 15% des personnes souffrant d’un handicap (visuel, auditif, cognitif ou moteur) qui sont concernés. On peut se retrouver dans une situation temporaire difficile: un bras dans le plâtre, des lunettes perdues, une opération de la cataracte. Il y a aussi les personnes daltoniennes, soit 8% de la population. L’intention est de rendre au maximum les informations accessibles et, en tout cas, ne pas ajouter des freins dans la construction des sites aux personnes qui utiliseraient des lecteurs d’’écran et des synthèses vocales. Tous les sites et applications mobiles doivent être compatibles avec ce genre d’assistants techniques. »

WCAG

Pascale Linard: « La directive fait référence à différents critères rassemblés dans les WCAG (Web Content Accessibility Guidlines). Elles sont au nombre de plusieurs centaines qu’on a regroupé en 4 grands principes: les sites et les applications mobiles doivent être conçus de façon à être perceptibles, utilisables, compréhensibles et robustes. Quelques exemple. On va aller voir les vidéos sont bien sous titrées et les formulaires légendés et si la mise en page est suffisamment simplifiée. Tout ce qui ouïe, vue, mais aussi le sens du toucher pour la navigation au clavier doit pouvoir être pris en compte dans la conception du site. On va aller vérifier les sites ne sont pas surchargés de fonds d’écran et d’images animées qui peuvent déclencher des crises chez les personnes épileptiques ou rebuter en 2 secondes les personnes autistes. Les sites doivent être compatibles avec tous les assistants techniques courants comme le clavier braille, la synthèse vocale ou la loupe. Si ce n’est pas conçu à la base, cela exclut un tas de personnes. »

27%conformes

La batterie de test a été effectuée sur base d’un échantillon tenant compte du nombre d’habitants et couvrant un maximum de catégories: justice, enseignement, emploi et fiscalité, protection de l’environnement, logements et équipements collectifs, loisirs et culture, santé et transports. Il y a 3 niveaux de conformité (conformes, en partie conforme, non conforme). Des 600 sites audités, 27 % seulement avaient une déclaration d’accessibilité, ce qui les rend (partiellement) conforme. Bénédicte Linard « Or celle-ci est obligatoire même si, pour le moment, il n’y a pas de sanction financière n’est à craindre. » Ce qui n’est pas le cas par exemple de la France où une amende de 2000 euros peut être infligée à une collectivité de moins de 5000 habitants, et monter jusqu’à 25.000 euros pour certaines entreprises privées. »

Le BOSA relaie les plaintes

Les erreurs les plus fréquemment rencontrées sont le manque de contraste dans les textes et les images, des erreurs dans la structure du menu (par exemple un manque de logique dans les titres et sous-titres ou des tables des matières mal-conçues), des erreurs dans les formulaires à compléter, le manque de description d’images, le manque de description des champs de formulaire, le manque de description de page web intégrée et le manque de liens pour by-passer les menus et directement joindre le contenu. Bénédicte Linard « A noter qu’une procédure existe pour les utilisateurs non satisfaits qui souhaiteraient porter plainte. »

Crédit photo Elizabeth WoolnerUnsplash