Le réseau des opérateurs du Plan Mobilisateur TIC a compté jusqu’à une centaine d’opérateurs. Ils sont aujourd’hui 53, dont 17 EPN. Accompagné depuis toujours par le LabSET, celui-ci vient de se voir reconfirmer sa mission de coordination pédagogique, adossé pour la première fois au niveau de l’animation du dispositif au Centre des Ressources de EPN, celui là même qui encadre le réseau des Espaces Public Numériques de Wallonie depuis plus d’une quinzaine d’années. Une porte s’ouvre ainsi entre les deux « familles » d’opérateurs.
A l’origine des politiques régionales d’inclusion
Ils ont le même âge et quelque part la même marraine. C’est en 2002 que le Plan de Mobilisation des TIC est lancé par la Ministre de l’époque de l’emploi et de la formation. Cette année là, la même Marie Arena soutient la publication par Philippe Allard et Pierre Lelong de l’ouvrage « Les espaces publics numériques, moteur d’un internet participatif ». La première initiative vise la montée en compétence de demandeurs d’emploi. La seconde entend favoriser l’éclosion de lieux « ouverts au public à vocation non lucrative disposant d’un projet d’accompagnement individuel et/ou collectif favorisant l’accès, l’initiation et l’appropriation à l’internet, au multimédia, à la bureautique »
Des approches et des publics différents
La genèse du premier dispositif sera confiée, sur le déroulé, la méthodologie et le développement des contenus, au Laboratoire de soutien aux Synergies Education-Technologie de l’Université de Liège. L’animation du second sera conventionnée à Technofutur TIC. A publics différents (le premier les demandeurs d’emploi, le second le large public des citoyens), financements différents. Le Plan MTIC fait l’objet d’un décret et d’un financement structurel tandis que les EPN sont soutenus de façon ponctuelle par des appels d’offre. Autre différence: si les 2 coordinateurs ont en commun l’évaluation et la certification/labellisation des opérateurs PMTIC et des EPN, l’accompagnement proposé par le LabSET s’axe essentiellement sur le contenu et le soutien pédagogique, le coaching et le cadrage administratif. Celui du Centre des ressources est orienté brassage et visibilité: visites, retours d’expérience, organisation d’événements, animation d’un réseau social et organisation d’une journée de rencontres dont la 14ème, qui s’est tenue le 13 décembre 2019 au Théâtre de Namur, a marqué les mémoires.
Les opérateurs CISP principalement intéressés
Le format du Plan Mobilisateur, c’est la formation. Chaque opérateur reconnu a pour mission d’en dispenser aux demandeurs d’emploi à concurrence de 7,50 € par heure et par stagiaire, dans un gabarit global de 48 heures répartis dans 4 unités de formation: premiers contacts avec le numérique; la messagerie et réseaux sociaux; navigation et recherche d’information; bureautique. L’initiative va principalement intéresser le tissu associatif, en particulier ce qu’on appelle aujourd’hui les CISP, les Centres d’Insertion SocioProfessionnelle, qui adressent déjà les demandeurs d’emploi par des propositions de formation. Le large public qu’ils vont drainer au départ va se raréfier au fil des années. En même temps, les exigences administratives et certificatives vont s’amplifier et le financement du dispositif sera interrogé de façon récurrente par le politique. Tout cela provoquera un affaiblissement du réseau et une diminution du nombre d’opérateurs. En 2018, la subvention de l’accompagnement adressée au LabSET pour l’encadrement du réseau s’est arrêtée. Grâce au volontarisme du labo de Liège, le dispositif a continué à fonctionner sur fond propre en mode ralenti tandis que, paradoxalement, les questions portant sur l’acquisition des compétences, sur la médiation et l’inclusion numériques devenaient de plus en plus prégnantes et sensibles. Tant et si bien que des opérateurs tiers comme la Fondation Roi Baudouin décidaient de s’en emparer, prêchant l’utilité de partenariats publics/privés et visant au développement d’une communauté d’aidants numériques.
Un Memorandum pour une politique de la médiation numérique en Wallonie
C’est dans ce contexte qu’à la mi-avril 2019 -le document est daté du 15- Pierre Lelong & Eric Blanchart, respectivement Chargé de projet et Chargé de mission pour le Centre de ressources des EPN de Wallonie co-signent le Memorandum intitulé « Pour une politique de la médiation numérique en Wallonie – Insérer les citoyens dans une société inclusive et innovante ». Ce document de 8 pages co-rédigé par André de la Charlerie (Directeur du Pôle « Education et Observatoire du Numérique à l’Agence du Numérique) qui servira de base de discussion pour le façonnage du « Plan d’actions pour la médiation numérique de tous les wallons » fait la part belle au décloisonnement. Les auteurs estiment à 500 le nombre d’acteurs effectifs impliqués directement ou indirectement dans la médiation numérique. Le spectre est large: de la lecture publique aux centres culturels et musées en passant par les CPAS et PCS, les centres technologiques communautaires, les associations de première ligne s’adressant à un public fragilisé, les associations d’Education permanente, les tiers-lieux, les « CoderDojos » et bien sûr…les EPN et les opérateurs PMTIC Ils plaident pour l’émergence d’un écosystème régional grâce à un projet transversal et rassembleur: « Les parties prenantes, acteurs de terrain, décideurs et bénéficiaires finaux ont tout à gagner d’un dispositif coordonné, large, visible et cohérent de l’ensemble des initiatives œuvrant autour de la médiation numérique»
Les EPN et PMTIC à la même table
Suite à a publication de ce Memorandum, le SPW représenté par le département de l’emploi et de la formation professionnelle a mis en place un groupe de travail rassemblant les auteurs du rapport autour des principaux acteurs wallons de l’inclusion numérique. Eric Blanchart: « Quelque part, le réseau des EPN s’est retrouvé autour de la table avec celui des PMTIC. On a réitéré cette proposition de décloisonner, de travailler ensemble non pour des économies d’échelles, les budgets sont anecdotiques à la vue des enjeux et de ce qui a été accompli, mais pour mutualiser nos efforts afin d’articuler la dimension pédagogique forte du réseau PMTIC à celle de l’animation. Lorsque nous avons appris l’année passée qu’un marché public ouvrait l’accompagnement du réseau des PMTIC, nous avons contacté le LabSET pour proposer une réponse en commun en ce sens. »
Communicateur, médiateur et facilitateur
L’offre de service sera acceptée et l’équipe PMTIC reconduite pour une durée de 2 ans. Eric Blanchart: « Quelque part, les deux dispositifs vont coexister. Certains opérateurs ont d’ailleurs la double casquette d’EPN et d’agent PMTIC. Nous avons deux ans pour animer ces deux beaux réseaux et montrer que des synergies sont possibles, qu’on peut faire bien des choses ensemble. Nous voulons proposer aux opérateurs PMTIC des services de valorisation et de communication. Il y a notre veille technologique, les formations, les webinaires, le prêt de matériel. Il y a aussi une présence et un relais dans les groupes de travail et de décision qui touchent à la médiation et l’inclusion numérique, à la montée en compétences numériques. Il y a encore toute le dimension des appels à projet et des partenariats comme ceux initiés par le gouvernement wallon, l’Europe ou encore par la Fondation Roi Baudouin. On veut jouer le rôle de communicateur, de médiateur et de facilitateur. La cerise sur le gâteau, ce serait un journée de rencontres communes entre les deux communautés ». Y’a plus qu’à…