Le dispositif PMTIC, aujourd’hui en veilleuse, fête ses 20 années d’existence. Après une refonte majeure du dispositif, il reviendra sous un autre label en 2024, année des 20 ans du réseau des EPN. Ces deux publics, opérateurs de formation et médiateurs numériques, ont été réunis pour la première fois à Namur le 26 janvier dernier. Pas d’annonce majeure, sauf peut être la fin contractuelle de l’accompagnement pédagogique du projet PMTIC par le Labset et la fin de la convention d’animation du dispositif par le Centre de Ressources des EPN.
Dispositif gelé
Ils ont été jusqu’à une centaine. Les opérateurs PMTIC sont pour l’instant 53: 34 CISP, 19 EPN et 8 structures avec la double reconnaissance. Faute de financement, le dispositif tourne au ralenti depuis 2018: le site est disponible pour qui tout qui souhaite et des formations en ligne sont mises en place à destination des formatrices et formateurs qui sont parties prenantes du dispositif. L’année passée, le site ressources a été visité par 239.861 utilisateurs uniques. Pour le reste, le programme de formation est gelé, en attente d’un nouveau dispositif en cours de gestation dans le cabinet Morreale.
Hémorragie des opérateurs
Duygu Celik, Conseillère. « En 2019, on a ouvert un travail d’évaluation avec l’ensemble des acteurs, les opérateurs, l’administration, la commission d’avis du conseil économique et social et le Forem. Plusieurs constats nous ont amenés à revoir le dispositif PMTIC. La chute drastique du nombre d’opérateurs tout d’abord. En 2015, on en comptait encore 79 qui prodiguaient 130.000 heures à 3800 stagiaires. En 2019, ils n’étaient plus que 53 avec des prestations ramenées à 90.000 heures dispensées à 2400 stagiaires. »
Trop rigide côté administratif et fermé à la créativité pédagogique
Cette baisse n’est pas due à la diminution du besoin en matière de formation au numérique. « Bien au contraire. Si on analyse les chiffres du baromètre du numérique de l’Agence du Numérique, on voit que le nombre de citoyens y ayant accès augmente avec comme corollaire une part importante de la population qui souffrent de lacunes. L’Adn évalue ainsi à 32 % le nombre de wallons qui sont « fâchés » avec le numérique. L’explication vient des opérateurs eux mêmes, qui se sont retirés d’un dispositif devenu trop pesant, trop rigide et mal financé. C’est ainsi que les obligations pédagogiques ont été renforcées en 2014, en même temps que les exigences administratives. Cette lourdeur a participé à refroidir « l’enthousiasme » des opérateurs. »
Sous financé
Par ailleurs, le mode de calcul du financement rendait le dispositif peu lisible. « Les opérateurs se voyaient octroyer un quota mais le paiement effectif était lié aux prestations auprès d’un public qu’il fallait faire venir dans les salles de formation, avec un niveau d’intervention clairement insuffisant: 7,5 € de l’heure. De surcroît le PMTIC est relativement figé avec peu de place à la créativité pédagogique. Cerise sur le gâteau: aucune indemnité de formation n’est prévue pour les stagiaires qui s’inscrivent à la formation. »
Nouveau nom
Suite à ces constats, le cabinet s’est fixé un nouveau cadre de fonctionnement. « On l’a voulu le plus adapté possible aux opérateurs de terrain, avec l’ambition de leur donner les moyens de fonctionner correctement. On souhaite aussi donner une meilleure visibilité à cette action en l’intégrant dans le plan d’inclusion numérique wallon. Le dispositif aura un nouveau nom, plus accrocheur que « Formation de base au numérique » ce qui on en conviendra ne devrait pas être trop difficile. « On a reprécisé qu’il s’agit d’un outil levier d’insertion socio-professionnelle. Il s’agit donc bien d’une formation, non d’un accompagnement, qui sera réservée aux personnes éloignées de l’emploi et qui aura vocation à s’intégrer avec les autres dispositifs (qui seront mis) en place dans la cadre du plan d’inclusion numérique wallon. »
Un langage commun
Les formations qui seront mises en place feront référence à DigComp, le cadre européen des compétences numériques pour les citoyens. « De cette manière, l’offre de formation sera mieux axée sur les besoins numériques actuels et à venir. Dans la législation, il est également prévu d’adopter un référentiel d’évaluation et de formation déclinés du DigComp, tout en laissant la porte ouverte à un maximum de souplesse pédagogique. « Les outils et les méthodologies utilisées seront laissées à la discrétion des opérateurs. »
18,7 € l’heure ?
Côté financement, le nouveau dispositif devrait s’aligner sur le tarif horaire pratiqué dans le secteur des CISP, aujourd’hui fixé à 18,7 € de l’heure (indexable). Une indemnité pour les stagiaires et le remboursement des frais de déplacement sont prévus. Globalement, l’enveloppe budgétaire votée par décret devrait permettre d’augmenter considérablement le nombre d’opérateurs. Celui-ci été voté durant l’été 2022 tout comme son arrêté d’application. L’action devait démarrer début de cette année mais le redémarrage du PMTIC nouvelle mouture a été reporté au 1er janvier 2024. Le cabinet va donc finaliser dans les prochains mois son cadre juridique. En attendant, Les opérateurs actuels conservent leur agrément jusqu’au 31 décembre 2023 dans le cadre du dispositif PMTIC. Les demandes d’agrément dans le cadre du dispositif de la formation de base au numérique devront être introduites au 1er avril 2023. Nous reviendrons prochainement sur les autres moments forts de la journée « mixte » EPN/PMTIC