Avec plus de 90 PCS sur 170 en Wallonie (associant 181 communes) qui ont au moins une fois interagi avec un EPN de Wallonie et 14 EPN directement liés à un PCS, on se pose cette question : pourquoi cet intérêt d'un PCS pour un Espace Public Numérique ?
Petit retour dans l'histoire pour bien comprendre la politique du Plan de cohésion sociale des Villes et Communes de Wallonie. Dès 1992, le Gouvernement wallon s’engage à mettre en oeuvre une région solidaire, en insistant sur le fait que la solidarité et le développement de la lutte contre toutes les formes d’exclusion se fondent sur une coordination accrue des différents outils créés à cette fin. Fort de cette volonté, il décide d’y procéder en actionnant tous ses leviers de compétence et de le faire de manière coordonnée en créant, en 1992, un service transversal et expérimental au sein de l’administration wallonne (Secrétariat général du Ministère de la Région wallonne), la Cellule d’Intégration sociale qui deviendra la Direction interdépartementale de la Cohésion sociale (DiCS).
Dès 1992, le Gouvernement décide d’aider les communes à développer, en partenariat avec les acteurs de terrain concernés, des projets locaux pour lutter contre la pauvreté : Actions de lutte contre l’exclusion sociale (1992 à 1997), Plans sociaux intégrés (1998 à 2003), Plans de prévention de proximité (2004-2008) et enfin Plans de cohésion sociale (2009-2013, 2014-2019).
Parallèlement, sous l’influence du Conseil de l’Europe, la Wallonie fait de la cohésion sociale un objectif politique : dès 1992 dans le Rapport sur la cohésion sociale en Région wallonne édité par la DiCS en collaboration avec l’IWEPS, en 2000, puis 2004, dans le Contrat d'Avenir pour la Wallonie, et actuellement dans la Déclaration de politique régionale 2014-2019…
La Direction interdépartementale de la Cohésion sociale (DiCS) du SPW est chargée de favoriser la coordination et la complémentarité des dispositifs de la Wallonie pour promouvoir la cohésion sociale et l'accès effectif de tous aux droits fondamentaux et lutter contre la pauvreté.. A ce titre, elle assure le suivi et l’évaluation des Plans de cohésion sociale (PCS).
Le PCS permet de coordonner et développer un ensemble d'initiatives au sein de sa Commune pour que chaque personne puisse y vivre dignement en lui garantissant l'accès aux soins médicaux, à l'emploi, au logement, à la formation et à l'épanouissement culturel et social.
Alors un Espace Public Numérique (EPN) a-t-il sa place dans un PCS et si oui, une place privilégiée ? La réponse est évidemment positive au vu de l'importance qu'ont pris les nouvelles technologies aujourd'hui dans notre quotidien :
- Près de 80% des offres d'emploi sont publiées sur Internet
- 75% des Belges qui ont un projet immobilier passent par le Web
- 80% des services publics sont accessibles en ligne
- 78% des Belges sont membre d'un réseau social
- 50% des Belges consomment des produits culturels en ligne
- 4000 applications sont dédiées à l'amélioration des conditions de santé
Mais si le numérique peut doper notre quotidien, il peut aussi créer de l'exclusion :
- Les personnes handicapées, on estime à 33% celles qui déclarent avoir rencontré des difficultés à utiliser les nouvelles technologies
- Les Seniors, 60% des + de 70 ans ne sont pas équipés d'une connexion Internet à domicile
- Les non-diplômés, 50% de ces derniers ne disposent pas d'une connexion Internet à domicile
- Les ménages à bas-revenus, 33% d'entre eux ne sont pas équipés d'une connexion à Internet
S'il existe des freins à l'accès (Illettrisme, coût de la connexion, absence de logement fixe, méconnaissance des usages d'Internet, méfiance envers les nouvelles technologies, etc.), ils ne sont pas insurmontables. Et c'est là justement qu'un PCS équipé d'un EPN de Wallonie peut jouer un rôle important, en améliorant la vie de ces citoyens par l'outil numérique.
Le cas du PCS de Jemeppe-sur-Sambre est un bel exemple. Son EPN a vu le jour l' année dernière (Voir cet article) et il fera partie de la première vague des EPN labellisés "EPN de Wallonie" par le Ministre Marcourt cette année.
Le PCS de Jemeppe-sur-Sambre a opté pour un EPN mobile pour des raisons de mobilité (Commune semi-rurale) et travaille essentiellement sur 2 axes : l'insertion socio-professionnelle et le retissage des liens sociaux. Katja Bragard, la Chef de projet du PCS, explique ainsi ce choix de création d'un EPN dans son PCS : "Le numérique est un outil incontournable aujourd'hui pour l'accès à l'emploi, au logement, aux e-services, etc… Il fallait donc créer un service qui donne aux citoyens de Jemeppe-sur-Sambre l'opportunité d'être intégré dans cette société numérisée. Pour cela, en plus des ateliers Réseaux sociaux, CV, aide à l'emploi et autres, nous avons réuni un maximum de partenariats autour de l'EPN : Lire et écrire, le GABS, le tissu associatif de la Commune, le projet de Web TV, etc. En effet, l’EPN est en contact direct avec les différentes associations locales qui sont fort intéressées par l'outil numérique, cela permet de faire connaitre ses activités aux partenaires du PCS et donc à leur public respectif, mais cela permet aussi de mettre en place de nouvelles synergies pour répondre au mieux aux demandes des citoyens. Notre expertise en matière d'action sociale permet à l'EPN de toucher un public éloigné d'Internet et l'EPN nous permet de fédérer ce public autour du numérique qui est un outil au coeur des demandes. La clé de la réussite de l'EPN ? C'est le choix de l'animateur. Il fait le succès ou l'insuccès de l'EPN. Le nôtre est tellement bon que les autres services de la Commune le convoitent en permanence ;-)".