Lors de la dernière conférence TedX en novembre à Liège, Aline Muylaert, la co-fondatrice de CitizenLab, situait les Civic Tech comme moteur d’une innovation que les communes n’ont pas toujours les moyens ni le temps de mettre en place. C’est sa plate-forme que l’on retrouve au coeur du cahier de revendications youth4climate.be
Présents dans une quarantaine d’entre elles en Belgique, la plate-forme de consultation citoyenne bruxelloise se profile comme un adjuvant numérique à la démocratie capable de redonner la voix aux citoyens et de faire en sorte qu’ils se réapproprie leur ville. Comme à Liège, ou la plate-forme a été utilisée par la ville pour sous la forme d’une boîte à idées. Réinventons Liège a ainsi récolté près propositions traduites en 77 projets prioritaires : mettre en place un réseau de pistes cyclables, promouvoir le ticket unique pour les transports en commun, créer une application de co-voiturage ou encore soutenir la monnaie locale «le valeureux». A Marche-en-Famenne, CitizenLab a permis de départager 4 projets architecturaux pour la rénovation de la Place aux Foires. A La Louvière, c’est Fluicity qui a été retenu comme plate-forme de base de la campagne «Devenez acteur de votre ville». Ces outils de consultation citoyenne en ligne séduisent de plus en plus les élus qui y voient l’occasion d’interagir avec la population, et de pouvoir en prendre le pouls très facilement.
Eviter les sujets qui fâchent
La plupart du temps, on évite les sujets qui fâchent comme le souligne Aline Muylaert dans une interview à l’écho: «Notre solution n’est pas adaptée aux questions qui entraînent beaucoup de réactions et d’émotions. C’est notamment le cas pour la migration.» Se pose ainsi la question de la pseudo participation, la consultation prétexte sur des sujets accessoires, l’essentiel de la conduite de la cité restant inscrite dans le cycle politique traditionnel. La question de la représentativité de la participation est également à interroger, étant traditionnellement réservée à des internautes d’un certain niveau socio-culturel et économique. Reste que l’outil est séduisant et qu’il fait flores, permettant d’adosser à la vie communale un historique des projets et des échanges citoyens.
Civitech & réseaux sociaux propriétaires
Au départ, ces plates-formes sont très peu utilisées par les internautes citoyens et collectifs, pour des raisons de coût et de difficulté de diffusion : il faut souscrire un abonnement, faire savoir l’initiative et motiver les gens à s’y inscrire et à la visiter. C’est en train de changer. L’année passée, un collectif d’associations a intégré Fluicity dans sa campagne Enragez-vous, engagez vous et puis votons. Il s’agissait, en période pré électorale, dans les 27 communes du Brabant Wallon, de faire choisir par leurs habitants 5 défis à rencontrer et 5 merveilles à préserver afin de faire remonter l’information auprès des candidats aux urnes. La plupart du temps, l’initiative est couplée avec une présence sur les réseaux sociaux populaires, lisez Facebook, You Tube, Instagram et Twitter.
#FridaysForFuture
La genèse des marches des jeunes pour le climat est intéressante à retracer dans ce contexte. En Suède, des élections sont organisées en septembre 2018. Trois semaines avant celles-ci, une étudiante de 15 ans, Greta Thunberg, décide de sécher les cours pour organiser des sit in devant le Parlement de son pays, demandant à ce que celui-ci respecte les accords de Paris sur le climat. Pour relayer son action, elle choisit crée les hastags #ClimatStrike et #FridaysForFuture sur Twitter. Sa figure et sa cause deviennent médiatiques. Les chaînes d’infos et les TV prennent le relais. Elle est jeune, courageuse. Son engagement, l’importance, l’urgence et l’universalité de la cause qu’elle défend interpelle le monde entier.
Faites la grève du climat
Greta Thunberg se rend en Pologne à la Conférence pour le climat. De là, elle met en ligne une vidéo pour inviter un maximum de monde à la rejoindre : « Où que vous soyez, qui que vous soyez, on a besoin de vous maintenant. S’il vous plait faites la grève du climat avec nous. Mettez-vous devant votre parlement ou votre représentation locale, même si c’est un court instant, pour leur dire qu’on veut de l’action pour le climat ». En janvier, elle se rend en en train à Davos. Les réseaux sociaux jouent pleinement leur rôle d’amplificateur. Greta Thunberg compte 141.000 folowers sur Twitter d’où elle a publié 2500 tweets. Les hashtag #FridaysForFuture ont fait une multitude de petits (#Climateaction, #Greveduclimat, #MarchepourleClimat,…). La mobilisation essaime un peu partout en Scandinavie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume -Uni, aux USA, en France en Belgique ou en Australie. En Virginie, Harriet O’Shea Carre et Milou Albrecht, toutes 2 14 ans ont organisé le novembre une manifestation «Climate strike». Elle s’est tenue dans une vingtaine de villes australienne
Youth For Climate
En Belgique, la mobilisation part d’un événement Facebook mis en ligne le 20 novembre à l’initiative d’étudiants de Bruxelles II auquel succèdera le collectif Youth for climate mis en place par Anuna De Wever et Kyra Gantois pour la partie néerlandophone et Adélaïde Charlier pour la partie francophone. Fin janvier, le collectif annonce l’ouverture d’un cahier de revendications destiné à nourrir la mobilisation jusqu’aux prochaines élections. Pour structurer les idées et les projets de ses militants le mouvement choisit CitizenLab comme moteur numérique de sa nouvelle plate-forme youth4climate.be. Signe des temps, on peut s’y inscrire à partir de son compte Facebook…