Impression 3D et EPN : une relation durable ?
L'impression 3D est en phase d'appropriation dans les Espaces Publics Numériques. Bien sûr, l'objectif n 'est pas de transformer les EPN en fab labs, mais la créativité qu'apporte l'impression 3D, la possibilité donnée aux utilisateurs de concevoir et de fabriquer leurs propres objets et donc de s'approprier leur production séduit de plus en plus d'animateurs multimédias. Il s'agit, comme le dit Sylvain Denis de «mettre en capacité, être acteur plutôt que consommateur en mettant le «faire», en testant, expérimentant, en laissant le droit à l'erreur et en valorisant les approches collaboratives». Il s'agit aussi de s'approprier une technologie en constante évolution et d'en découvrir les possibilités.
Mais aussi les limites
«Mais aussi les limites», ajoute Benoît Van de Lanoitte. En 2009, ce chef de projets Internet tombe un peu par hasard sur un article consacré à une imprimante 3D Makerbot. «J'ai été titillé par le produit. Je l'ai acheté et puis, quand j'ai vu que cela marchait, j'ai contacté le fabricant pour leur demander un contrat de distribution sur la Belgique. Ils ont dit oui, c'est comme cela qu'Xtensys est né. Au début, j'en vendais deux ou trois par trimestre. Depuis quelques semaines, on nous en achète une dizaine par semaine. » Cela fait des années que Benoît Van de Lanoitte fait de «l'évangélisation» auprès des centres de formation, des écoles et des EPN. Celui de Huy vient se s'équiper.
Attention aux vapeurs
«L'idée est de montrer à quoi cela peut servir. On se trouve devant un début de technologie, c'est cela qui est passionnant.» Les prix varient de 750 à 150.000 €. «La différence tient moins à la qualité qu'au format. Le modèle de base «imprime» du format 12x12x12 cm pour 30x30x45 cm dans le cas du modèle le plus cher. Il y a aussi les aspects sécurité, précision, finition et…santé. On trouve deux grandes familles de matériau. L'ABS est un polymère thermoplastique qui ramollit à 90° et commence à fondre à 180°. Attention : il dégage des vapeurs toxiques lorsqu'il est chauffé. C'est pourquoi nous ne travaillons qu'avec des bobines de PLA. Elles sont fabriquées à partie d'amidon et mais et sont biodégradables. Il faut également veiller à n'utiliser que des consommables agréés, qui vont pouvoir garantir que toutes les pièces produites soient aptes à entrer en contact avec la peau» Si l'on trouve en ligne pas mal de fichiers d'objets prêts à être imprimé en 3D, on peut aussi passer par des logiciels de modélisation comme Z Brush, Blender ou AutoCad pour les férus de programmation. Dans les EPN, le couplage de l'imprimante avec un scanner 3D comme Sense donne de très beaux résultats. «On peut scanner une personne pour une reproduction sur figurine en différents matériaux: plastique bien sûr, mais aussi bronze, cuivre ou bois » D'où les bonnes questions que les EPN posent, en parallèle des acquis de l'appropriation et du tissage de lien social qu'apportent les ateliers 3D sur l'utilité et la durabilité des productions qui en découlent et sur leur empreinte environnementale. Comme d'habitude, tout sera dans l'équilibre et la mesure, sans sacrifier à la créativité et à l'émancipation des utilisateurs