C’est dans un amphithéâtre presque comble que les ministres en charge de l’inclusion numérique Willy Borsus et Christie Morreale (par ordre d’intervention, le premier sur l’estrade et la seconde en visio) ont présenté vendredi dernier 10 novembre à Louvain La Neuve les projets en cours du plan d’inclusion numérique. L’objectif principal : multiplier les points d’accès, d’accompagnement et de formation de base au numérique. Et le faire savoir par un vaste plan de communication qui traversera toute l’année 2024.
Maintenir les guichets physiques
Le premier Salon des Acteurs de l’Inclusion Numérique se déroule dans un moment où de nombreux acteurs de terrain, travailleurs sociaux et animateurs doivent faire face au désarroi de leurs publics contraints à des démarches administratives numériques qui leur échappent, au risque d’aboutir à des non recours aux droits essentiels. Leurs revendications ont trouvé un écho dans l’Aula Magna avec un Willy Borsus rappelant que le numérique devait être un outil au service de l’humain. « Je voulais le réaffirmer fortement à cette tribune, le numérique ne doit pas se traduire par une nouvelle fracture sociale et sociétale. Nous devons nous mobiliser pour que la société numérique qu’on appelle de nos vœux ne devienne pas un handicap, une façon de faire trébucher, bien malgré nous, une partie de nos concitoyens. » Il s’agit ainsi selon la ministre Christie Morreale d’accompagner la révolution numérique. « Les efforts à déployer sont multiples. Il faut à la fois rendre les services -et en particulier les services essentiels- accessibles à toutes et à tous, y compris aux citoyens éloignés du numérique. Ce notamment en garantissant la présence d’un guichet physique. Mais il faut aussi donner la possibilité aux personnes de s’équiper et de trouver facilement des lieux connectés où ils seront accompagnés et formés dans leur utilisation du numérique dans des plages d’heure suffisamment grandes. »
29% de la population se sent éloignée du numérique
Le public cible « principal »? Les wallonnes et wallons éloigné(e)s du numérique. Willy Borsus : « Selon la baromètre 2023 de maturité numérique que l’Agence du Numérique vient de publier, 6% des wallons n’ont jamais utilisé internet. 5% de nos concitoyens ne bénéficient pas d’une couverte correcte en matière de connectivité. » Voilà pour la fracture numérique d’accès. Côté usages, 17% de la population estime avoir une maturité numérique faible, un chiffre obtenu en combinant l’indicateur des usages des citoyens avec leur perception de leurs compétences numériques. Enfin, au niveau de ce qu’on appelle la fracture numérique de troisième degré, soit la capacité (ou pas) à accéder et à utiliser les services essentiels en ligne, près d’un wallon sur trois (29%) se disent mal à l’aise dans leurs démarches.
30% d’EPN en plus
En réponse, le plan a pour ambition et pour reprendre les termes de la ministre Morreale, « d’équiper les ménages, renforcer des lieux d’accès, d’accompagnement et de formation de base au numérique ». Concrètement? Willy Borsus: « Dans les actions prévues à court terme, je voudrais voudrais souligner le déploiement d’une soixantaine de nouveaux EPN qui devraient s’ajouter aux 166 déjà existants. » Ce dans le cadre de l’appel à projet lancé durant l’été, avec à la clef une enveloppe de 30.000 € pour un engagement sur 3 ans de la mise en place et de l’animation d’un Espace Public Numérique.
Prix doublé pour l’heure de formation
L’autre mesure phare réside dans le redéploiement de feu le parcours de formation PMTIC. Rebaptisé Start Digital, il s’agit du principal dispositif de formation de base au numérique en Wallonie. La réforme du dispositif est finalisée et sera mise en œuvre avec l’agrément des opérateurs le premier janvier de l’année prochaine. Christie Morreale: « Son refinancement est conséquent avec une heure de formation multipliée par deux ». En parallèle, un plan de communication sera déployé pour faire connaître ces services à la population. Un soutien logistique est également à l’ordre du jour à destination des aidantes et aidants numériques, « en mettant à leur disposition des outils, de la formation continu et de la validation des compétences. »